Dans l’univers des écoles de commerce françaises, les classements français des médias traditionnels sont souvent dominés par les 3 poids lourds que sont HEC, l’ESSEC et l’ESCP. Cependant, une école française, souvent et paradoxalement moins connue des étudiants préparant les concours classiques, brille à l’international : l’Institut Européen d’Administration Des Affaires.
Si L’INSEAD reste source d’interrogations comparé à d’autres de ses consœurs également membres du G16+ accessibles via les concours traditionnels en France (HEC, l’ESSEC, l’ESCP, l’EM LYON et l’EDHEC ; en ce qui concerne les écoles de commerce), elle se permet de balayer d’un revers de main leurs accréditions AMBA (comprenant le Global MBA., Full Time MBA, Part time MBA, Executive MBA, Online MBA..) et rivalise même en termes de prestige et d’excellence, avec les collèges de Management des plus grandes universités du monde, dont la Harvard Business School ou le collège Wharton de l’Université de Pennsylvanie. Comment est-ce possible ?
Un parcours sélectif divergent
Les écoles de commerce françaises reposent sur un concours d’entrée exigeant, accessible principalement via la classe préparatoire. Ces concours nécessitent des connaissances académiques poussées en économie, géopolitique, mathématiques, culture générale, langues ; et sont réputés pour leur sélectivité extrême à l’écrit comme à l’oral. Le processus d’admission de l’INSEAD, en revanche, repose sur un examen du dossier académique et professionnel très exigeant, couplé à des scores de GMAT (Graduate Management Admission Test) et à plusieurs entretiens de motivation.
La sélectivité de l’INSEAD est tout aussi rigoureuse, bien que la nature du processus diffère. Le GMAT nécessite une préparation managériale minutieuse et d’être niveau C1 en Anglais, il se fait sur ordinateur et chaque question réussie vous emmène sur une question plus difficile ; à l’inverse si vous échouez vous aurez une question plus facile, et ainsi de suite. Le minimum de points à avoir au GMAT est de 630, score pouvant faire écho, par corrélation, à 2 autres tests assez similaires : celui du SAT pour rentrer au MIT Sloan ; ou encore, à celui du Tage Mage que passent les AST pour entrer à HEC en admission parallèle.
Alors que les candidats aux écoles françaises se distinguent souvent par leur parcours académique et les années de travail en classe prépa, l’INSEAD recherche des profils sur dossier avec plusieurs années d’expérience dans la vie active (peu importe le domaine d’activité), ainsi qu’ une dimension internationale. En moyenne, un candidat à l’INSEAD a 6 ans d’expérience professionnelle, contrastant fortement avec le profil des étudiants des écoles françaises, souvent âgés de 20 ans au moment de leur intégration.
Un cursus éloigné de celui du PGE
Le MiM (Master in Management) est un diplôme de niveau bac+5 destiné aux étudiants sans expérience professionnelle significative, souvent issus de classes préparatoires ou de licences, et accessibles via un Programme Grande Ecole. En revanche, le MBA (Master of Business Administration) s’adresse à des professionnels déjà expérimentés, visant une montée en compétence ou une réorientation stratégique de carrière.
Là où un élève en école de commerce suit généralement un PGE en 3 ans de cours, après avoir entrepris une « voie royale » en classe préparatoire (2 ans) pour décrocher son Master en 5 en ans au total ; le MBA de l’INSEAD, lui, dure seulement 10 mois. C’est l’un des programmes MBA les plus courts et denses parmi les grandes écoles internationales, ce qui permet aux étudiants de rejoindre à nouveau rapidement le marché du travail.
Alors oui, HEC Paris est, sur le papier, une business school mieux classée au niveau mondial en termes d’employabilité à la sortie de l’école, ou encore pour son Master in Management (MIM). Bien que celui de l’INSEAD la talonne de près sur ce Master, l’école se distingue surtout par son programme phare : le Master of Business Administration. Ce dernier est presque systématiquement classé dans le top 5 du Financial Times et du QS Global MBA Rankings, parfois numéro 1, et ce, sur ces 14 dernières années ; sa structure est très différente du cursus d’une école de commerce française.
L’INSEAD, une classe prépa au monde professionnel ?
Le MBA de l’INSEAD, en raison de sa courte durée et de son intensité, est particulièrement exigeant. En 10 mois, les étudiants couvrent un programme dense en gestion des équipes, leadership, finance, stratégie, comptabilité, entrepreneuriat, communication et marketing ; souvent réparti entre le campus de Fontainebleau et celui de Singapour. Le rythme rapide et la diversité des profils des étudiants augmentent la difficulté du programme, qui nécessite une forte capacité d’adaptation et une gestion efficace du temps.
À l’inverse, les écoles françaises proposent un rythme plus étalé avec des possibilités de stages et d’années de césure, permettant ainsi une intégration plus progressive et plus généraliste dans le monde professionnel. La pression académique en classe prépa est indéniablement intense, mais le défi professionnel et la nécessité de construire un réseau international à l’INSEAD, dans un tel laps de temps, le sont tout autant !
Les coûts d’études sont également un facteur de divergence. Un étudiant du PGE paie environ 15 000 à 20 000 euros par an, soit un total de 45 000 à 60 000 euros pour trois ans. En comparaison, les frais pour le MBA de l’INSEAD s’élèvent à environ 90 000 euros pour moins d’un an (cela dépend de la situation financière et du pays de provenance, et il existe des bourses) ! Un investissement conséquent, mais comparable à des universités internationales d’élites.
Un Positionnement Stratégique et International
Un autre élément clé de la comparaison entre la dite « Business School for the World » et les écoles traditionnelles, est leur dimension internationale. Alors oui, si nos écoles post prépa mettent évidemment un accent croissant sur les échanges internationaux et l’insertion professionnelle à l’étranger, notamment depuis ces 20 dernières années ; l’INSEAD a bâti toute sa réputation sur cette composante mondiale, réputation dépassant celle de n’importe quelle autre institution française, qui restent tout de même très reconnues en Europe, mais peinent à atteindre la même notoriété à l’échelle mondiale.
La présence de nombreux anciens étudiants renforce cet aspect : plus de 66 000 internationaux et cosmopolites, de 170 nationalités, tous bilingues et la plupart trilingues, étalés sur 180 pays, et occupants des hauts postes de direction dans les entreprises du Fortune 500 ; là où les HEC, à l’instar des Enarques (diplômés de l’ENA) et autres Polytechniciens, trouvent une meilleure représentation dans le paysage français : étant à la tête de plusieurs firmes du CAC 40.
Conclusion : l’INSEAD, un choix dénué de sens pour un ex préparationnaire ?
Choisir entre HEC et l’INSEAD n’est pas seulement une question de prestige, mais aussi de timing professionnel et de trajectoire de carrière. Alors que nos écoles de commerce traditionnelles offrent une formation généraliste avec des opportunités de césure et d’expériences diverses, l’INSEAD propose un parcours plus court, et spécialisé, destiné à des professionnels expérimentés. En terme de retour sur investissement, n étudiant qui a fait HEC, l’ESSEC ou l’ESCP, ne gagnerait que peu de valeur ajoutée sur son CV à rejoindre le MBA de l’Institut européen d’administration des affaires.
Cependant, il serait un choix judicieux qui offrirait aux étudiants d’écoles plus modestes, de donner un second boost à leur carrière professionnelle afin d’acquérir de nouvelles opportunités comme : rejoindre le top 3 des cabinets de conseil (les MBB), atteindre certains postes clés dans des gouvernements et autres institutions étatiques, ou devenir, à terme, directeur d’une grande banque d’affaires…des options d’ores et déjà possibles pour certains de nos 1300 alumni, diplômés des 3 parisiennes chaque année.